Faisons le bilan !

Demain cela fera 3 mois jour pour jour que je serai en Russie, voilà pourquoi j'ai décidé de faire un bilan des choses qui m'ont marquées sur le long terme.

Qu'elles soient importantes ou bien insignifiantes, je vais vous parler de toutes ces choses auxquelles l'on ne pense pas et qui marquent la différence entre les habitudes qui s'imposent d'elles même dans le pays dans lequel je suis né et de même dans celui que je découvre un peu plus tous les jours.

Alors, tout d'abord, quelques progrès par rapport au jour ou je suis arrivée:

• j'ai  ma valise et la contemple tous les jours au lever. Quel miracle cette grosse boite qui roule et traverse les frontières !

• je dispose de l'équipement linguistique nécéssaire pour décrypter le langage d'un conducteur de marchroutka et me rendre à un endroit prédéterminé mais pas encore pour lui demander de m'arrêter à un endroit autre que l'arrêt, comme le font la quasi totalité des passagers. Néanmoins, ayant conscience de la difficulté de la tâche, j'espère pouvoir acquérir cette compétence d'ici le prochain bilan, aux alentours de mars certainement. Soit un peu plus de 4 mois pour gagner en rapidité et en précision.

• J'ai progressivement fait l'acquisition d'un bazard réglementaire, indispensable pour un confort digne de ce nom. Ce bazard est composé de livres, magazines, boites de thé vert (Lipton, Attrapez-les tous ! ) et bien évidement d'un grand nombre de cahiers et oh... une chèvre !   

La température à Volgograd, la ville du vent.

15 °C ? bah... si j'ai juste un t-shirt et pas de veste je vais pas en mourir...

10° C ? Bon, je vais quand même mettre un pull parce qu'il y a un petit vent désagréable, ça serait pas le coup d'attraper un rhume.

5° C ? Tout compte fait il est pas si petit que ça ce vent, il faudrait peut-être que je pense à m'acheter un manteau digne de ce nom, un coupe-vent quoi. CQFD.

0°C ? Elle est où la neige ? Je VEUX voir la neige, j'en ai marre de ces minuscules grains de givre qui me rentrent dans les yeux comme du sable un jour de tempête. ET QUE QUELQU'UN ARRETE LE VENT !

- 5 °C ? Il fait froid hein ? Je le savais que j'aurais froid, et puis c'est l'hiver, c'est normal qu'il fasse froid l'hiver, même que c'est écrit dans les livres qu'il fait froid l'hiver. COMMENT ? On est le 5 Octobre ?!

-10° C ? Oui alors d'accord il fait un peu frisquounet mais après tout c'est aussi un peu pour ça le voyage en Russie, pour expérimenter un vrai hiver avec de la vraie neige, pas celle en plastique de nos stations de ski...

AHHHH... CE VENT !

-15 °C ? Alors oui d'accord y'a plus rien dans le frigo, mais est-ce que je pourrais pas survivre 1 jour de plus en mangeant mes sachets de thé ? Vraiment ? Parce que je sais que le vent veut jouer à "je t'ai pris ton nez" dehors avec moi et moi j'ai pas envie.

- 20 °C ? "excuse moi ! -oui ? - j'ai oublié de te dire que ce matin quand tu es partie tu avais un trou dans ta chaussette, tu risques d'avoir très froid aujourd'hui – mince ! Enfin de toute façon je l'aimais pas beaucoup ce doigt de pied, il était toujours de travers..."

- 25°C ?
Alleluya !! Le seuil de la température à geler les os de la mort qui tue a été atteint ! Toutes les écoles ainsi que les universités sont fermées !

Quelques habitudes que j'ai prises insidieusement:

• Je n'ai plus aucun problème avec le fait de manger de la viande à 10h du matin.

• Je bois beaucoup plus de thé que d'eau plate, car celle du robinet n'est pas potable et de toute façon, il ne me semble pas que les grosses bouteilles d'eau disponible en magasin servent à autre chose qu'à caler les différentes portes de la résidence.

• Je n'arrive plus jamais en avance en classe, cela peut être mal vu et surtout, c'est tout à fait inutile.

• Je peux dire du prix d'un produit en rouble qu'il est vraiment très élevé, alors que le même produit en euros coûte plus du double, parce que je connais le coût de la vie en Russie et surtout, à Volgograd.

• Je mange à 18h comme dans les hopitaux et les maisons de retraite parce qu'ici la sacro-sainte pause de midi est réduite à 20 minutes et ne laisse pas le temps d'avaler un vrai repas. Et surtout parce que le soleil est déjà couché depuis presque 2h et que j'ai toujours l'impression qu'il est très tard et que je n'ai pas vu le temps passer.

Ce qui me manque en France, à part ma famille, évidemment: 


Une grosse assiette de saucisses-lentilles: le cochon, tendrement.
Les raviolis en boîte: le micro-onde, c'est moins lent.
Des quenelles de brochet à la sauce financière: Intermarché, simplement

La tisane Bonne Nuit de Ricola:  La Suisse naturellement.
La carte du trajet de chaque transport en commun ainsi que l'horaire précis des passages aux arrêts, la précision, rapidement.
Les cours de la fac, non c'est une blague, forcément.

Dans un mois je retourne temporairement dans le pays qui m'a vu naître et  bien évidemment il va me falloir répondre à la question la plus générale de tous les temps: alors, c'était bien ? 
Que dire ? Oui, je suis particulièrement fan des  marchroutkas, j'aime particulièrement le froid mordant qui m'attaque sournoisement quand je me rend à l'université et surtout j'adore celle de mes colocataires qui  doit  penser que c'est en rendant ma vie impossible que je vais rentrer en France et y rester.

Mais je parle russe !!

Tous ceux qui ont des rêves et se battent pour les réaliser le savent: la route est souvent en aussi mauvais état que la voie rapide Volgograd-Moscou, mais lorsque l'on veut quelque chose et que l'on est determiné à y arriver alors le reste n'est qu'un détail et les aléas de la vie seront plus tard des anecdotes que l'on raconte bien volontier en en riant et qui nous ont permis d'apprendre de nos erreurs en nous rendant plus fort. 

Bonne chance à vous si vous avez des rêves !

 A la semaine prochaine pour une nouvelle chronique, en attendant, retrouvez-nous sur :
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