Episode 15: Et c'est comment un hôpital russe ?
Blanche Neige et les 7 plaques de verglas 2...
Pour cause d'incident impliquant mon poignet droit et une plaque de 5mm de glace sur le chemin de l'université jeudi dernier, je n'ai pas été en mesure de publier ma chronique hebdomadaire.
Forte d'une aventure en milieu hospitalier russe, je vais donc vous raconter mon expérience.
En guise d'illustration, la Chèvre a reproduit ma blessure et a tenu à examiner ma radio (en arrière plan) pour être sûre que les médecins m'ont correctement soignée.
Cette chronique sera donc un peu spéciale et vous pourrez retrouver des mises à jour au-fur et à mesure de mes passages à l'hôpital russe.
Cet endroit étant le fruit d'une interprétation particulière des notions d'hygiène et d'information du patient.
La porte
Qu'est ce que c'est-il que cette porte ?
L'admission en service de traumatologie.
C'est beau l'hôpital hein ?
Désolée pour la qualité douteuse de la photo qui a été faite avec mon smartphone, je n'avais pas prévu de terminer la soirée avec un plâtre. Sachez néanmoins que j'ai eu l'idée de cette photo témoin en attendant d'être soignée après avoir fait une radio, puisque c'était l'heure de la pause casse-crôute de ces dames. Donc si vous vous faîtes mal en Russie, évitez le créneau 12h30 - 13h et 18h30 -19h et venez de préférence entre 9h et 17h, hors week-end et jours fériés. Je vous aurai prévenus.
En dehors de cette porte à l'aspect fort rassurant et des bancs fournis de cuir qui ressemblent aux sièges convertibles en couchettes dans les trains, ma découverte de la partie traumatologie de l'établissement n'a pu être poussée que jusqu'à la salle de radiologie, à l'entrée de laquelle on m'a demandé, pour des questions évidentes d'hygiène .... d'enfiler des surchausses.
Que les microbes et les infections reculent devant l'infâme plastique bleu ! Fi !!
Les gouts et les couleurs...
Je vous présente une autre preuve qu'en Russie on aime les couleurs chimiques: le fromage coloré. Ce fromage a d'ailleurs un nom très spéciale et qui ne s'invente pas: Fromage Vert, pour le vert. Quelle imagination !
A ceux qui connaissent le fromage vert de Suisse, je vous annonce que les Russes ont toujours eu une façon très spéciale d'interpréter les choses, d'ailleurs je vous parlerai prochainement de l'utilisation russe de la mayonnaise.
Si vous prêtez attention au prix de la chose, vous constaterez qu'il s'agit de plus de 10 euros pour 1 kilo, ce qui est plus cher qu'un kilo de saucisson de bonne qualité.
Alors, ça va mieux ?
- l'hôpital russe, c'est pas si mal, à condition de ne rien avoir de sérieux.
- Le temps que je passe à faire quelque chose est inversement proportionnel au nombre de mains disponibles (hein ?!)
- 2 mains c'est plus simples pour taper à l'ordi, ça évite de mettre 10 jours à poster une demi chronique
- les emballages alimentaires sont aussi pénibles à ouvrir avec une ou deux mains
Plus sérieusement, je suis désolée de ne pas avoir été en mesure de publier la nouvelle chronique que j'ai annoncée il y a plus déjà plus de 10 jours et qui devait sortir jeudi dernier, sachez néanmoins que pour des raisons pratiques, mes chroniques sortiront désormais le mardi et que par conséquent celle que je vous ai promise sera bien publiée le mardi 17 Mars.
Sachez néanmoins que j'ai de très bonnes raisons de ne rien avoir produit jeudi dernier, d'ailleurs je vais vous raconter la Quête improbable qui a mobilisé tout mon temps...
Alors c'est qui l'handicapée ?
Sachez que le plus difficile à faire n'est pas le découpage mais la photo ....
La Quête sans fin de la polyclinique pour enfants n°1
Jeudi 5 Mars 2015, J + 15 Ap. LGT. (la Grande Tragédie)
Description de la quête:
Objectifs faculatifs:
- éviter l'attente interminable
- éviter la pause casse-croûte de 12h30 à 13h
Etapes de la quête:
- Chevaucher une marchroutka se rendant au lieu désigné
- S'acquitter du montant aléatoire imposé par le maitre de convois
- Descendre au bon moment
- Eviter de marcher sur le pigeon décédé sur le chemin vers la destination finale
- Eviter les plaques de verglas destinées à assurer une clientèle hivernale régulière à tous les hôpitaux de la région
- Attendre son tour et réussir la quête principale
- Recommencer les étapes précédentes dans l'ordre inverse
9h30: Finalement je suis prête plus tôt que prévu, je vais y aller maintenant comme ça y'aura pas trop de monde
9h45: tiens, la bonne marchroutka, on est parti...
10h: bizarre, pourquoi on tourne à droite, c'est pas du tout par là ! - Mademoiselle c'est bien la bonne marchroutka pour aller à l'hôpital ? - oui oui, d'ailleurs c'est le prochain arrêt.
10h10: Merdum, c'est pas le bon hôpital, je vais rejoindre le boulevard à pieds et reprendrai une autre marchroutka là-bas. - Pardon Madame ? oui le poignet est cassé. - Comment ? oui j'essaierai de mettre de l'ail à bouillir, si vous dîtes que ça marche ...
10h20: Voilà le boulevard ! - Excusez-moi monsieur, quelle marchroutka je prends pour aller à l'hôpital ? Vous y aller aussi ? ok, je vous suis.
10h30: Rhaaaaa, ils ont dû prendre tous les hôpitaux de Russie pour les mettre dans le même quartier ! Try again, comme on dit jamais 2 sans 3 ! Retour vers le boulevard !
10h35: vous êtes sûre, avec ce bus je vais à la polyclinique qui est à côté de la grosse banque verte ??
10h50: Victoire !!! Le pigeon de la réussite est là ! A moi la salle d'attente blindée du service traumatologie, situé dans la polyclinique pour enfants n°1 !
Oui, c'est dur !
Vive Bouddha !
12h45: visite des toilettes sans papier et servant de placard à balais
14h30: ALLELUYA ! Mon tour ! J'entre dans le bureau, dans lequel se trouve l'homme qui a mystérieusement perdu son plâtre pendant la nuit. Inquiète qu'une épidémie de plâtre baladeur se propage dans tout Volgograd, l'infirmière en charge me demande de suite si le mien ne profite pas de l'obscurité nocturne pour prendre la poudre d'escampette. Je la rassure de suite, il est solidement collé à mes poils de bras, de nuit comme de jour. Le médécin déclara alors qu'elle ne lui remettra pas un autre plâtre et lui conseilla de manger des yahourts.
15h: Sortie du bureau sous les regars d'irritation des autres patients qui me demandent si le personnel ne m'a pas invitée à jouer au golf tellement c'était long.
15h15: back to marchroutka. Bizarre, pourquoi je vois le cinéma ? Mais on est beaucoup trop loin !! Rhaaaaa, qu'est-ce-que j'ai faim !
15h30: Bon, celle-là est marquée Université dessus, plus de piège. J'ai faim !
Moralité: l'on est prêt à tout
Libération ou plaisanterie de 1er avril ? La grande tragédie acte final
L'on a délivré ma main de l'abominable plâtre moustachu, lequel a fini dans la poubelle du service de traumatologie de l'hôpital pour enfants n°1 de Volgorad.
Sachez que face à tant d'excitation et de suspens, mon déplacement a été travaillé, notamment au niveau de l'itinéraire à privilégier pour ne pas arriver quand la bagarre est finie. C'est ainsi que je suis parvenue, triomphante, dans la salle d'attente, 10 minutes après être partie.
En tant que visiteuse régulière du prestigieux établissement, je me dirige directement du côté de la file d'attente pour les personnes en visite de contrôle, comme la fois précédente, ce qui m'avait évité d'attendre une nouvelle fois 4 heures pour 15 minutes de soins.
Cependant cette fois-ci l'on me refuse après que j'ai attendu mon tour et je dois retourner dans la salle d'attente générale. Et oui: j'aurais dû deviner dès le début que le deuxième docteur qui m'avait remis un autre plâtre préfèrait passer l'heure en cours à se promener dans les couloirs et que donc l'infirmière ne pouvait pas prendre la décision de m'enlever mon plâtre sans lui. Qui sait ? peut-être qe si j'avais été russe j'aurais deviné tout ça rien qu'en regardant la porte d'entrée !
Postérité hospitalière
- non.
- Des grands-parents alors ?
- non plus.
Cet extrait de la discussion avec le médecin de service illustre une interrogation récurente: Qu'est-ce-que des étrangers peuvent bien trouver d'intéressant à Volgograd ? Comment diable quelqu'un peut-il être arrivé ici de son plein gré alors que tous veulent partir ?
Cela explique certainement pourquoi j'ai de bonnes chances d'être la seule patiente à qui on ne demande pas son nom quand elle arrive, et encore mieux: que l'infirmière annonce au médecin: l'on a la célébrité que l'on peut !
D'ailleurs, ma première entrée avait fait sensation: une française ? Vivante ?! (véridique).
Rien ne se perd...
Méthode Juvamine
Parce que fracture avec déplacement. Passons, ça n'est pas le plus important, ce qu'il faut se mettre en tête c'est que dans ma caboche ce 20 Mars devait être le dernier de mon handicap et donc ma désillusion lorsque le docteur (qui ce jour-là avait envie de travailler) m'a dirigée vers la salle des plâtres pour m'en remettre un nouveau.
Cependant, la nouvelle a été amortie par l'annonce du fait que je pouvais de nouveau courir mais attention, pas grimper. Merci docteur !
Enfin, mon cas était préférable à celui du vieux monsieur à qui l'on a dit avant même de faire une radio de son dos douloureux qu'il y avait de fortes chances qu'il doive rester chez lui un moment à boire du thé.
Scène finale et Catharsis
D'ici une petite semaine je pourrais retourner faire mes courses toute seule comme une grande et la vie continue....
Si vous aussi vous êtes victime d'un désagrément quelconque, ne perdez pas votre motivation. Si elle disparait quand même alors c'est qu'elle n'était pas assez forte, recommencez ou prenez un nouveau tournant !
Je clos cette aventure sur ce suberbe ciel du soir de l'éclipse de soleil du vendredi 20 mars, métaphore de ma désillusion (ou pas).
A mardi prochain pour une nouvelle chronique, en attendant, retrouvez-nous sur :
Facebook/canardaw.comfrench
Mangeons des yahourts et buvons du thé !