Episode spécial 20: Saratov et Volgograd tombent à l'eau...

19 Mai 2015

Vue depuis les hauteurs de Saratov sur la Volga

 
« Tu vas à Saratov ? Tu veux pas aller à Sotchi plutôt ? Saratov c’est comme Volgograd, y’a pas grand-chose à y faire. »
Oui mais Saratov est une ville « normale », pas toute en longueur comme l’ex-Stalingrad et possède une berge digne de ce nom, avec comble du luxe… des bancs pour que la population puisse admirer la transparente et propre Volga (enfin, façon de parler).
Si je parle des bancs avec ironie, c’est parce que la seule berge « touristique » de Volgograd est bordée de murs en bétons et rend donc grandement inutile l’installation de bancs qui de tout manière font défaut. 



Mississipi Queen...

L'ïle au milieu de la Volga de Saratov

Alors, ne nous mentons pas non-plus, Saratov n’est pas non plus l’endroit le plus génial de la Russie mais disons que la ville se rapproche de ce que l’on a l’habitude de voir sous nos latitudes. D’ailleurs, nos confrères américains pourraient également se dire la même chose en voyant cette photo qui a quelque chose du Mississipi. Enfin je sais pas, enfin peut-être….

D’ailleurs sachez, qu’a une époque pas si lointaine la ville de Volgograd, à l’époque Tsaritsyne/Stalingrad était surnommée « la Chicago russe » à cause de toutes ses industries, rendues possible grâce à la Volga et aux chemins de fer. Remarquez, aujourd’hui ça va pas si mal, il y a une usine de glaces quand même ! Miam ! (Que je visite la première semaine de juin et oui, cela implique de la dégustation !)

Des couleurs, de la joie, du bonheur...

Eglise orthodoxe de Saratov




Revenons à Saratov et à ses attributs de ville « touristique ». Premièrement, et comme dans toute ville/bourgade/contrée, il y a des églises. Beaucoup d’églises.
L’avantage c’est que comme elles sont souvent colorées ou au minimum dorées, ça rend le paysage diversifié, ce qui n’est pas superflu au milieu des maisons et usines à la beauté toute relative de l’endroit.

Et puis par rapport à nos grandes églises sombres à nous, c’est quand même plus agréable à regarder. Petite anecdote au passage, lors d’une célébration religieuse orthodoxe, les popes tournent le dos aux fidèles... pour que tous puissent regarder ensemble dans la direction de Dieu.
En plus comme ça les popes peuvent montrer leurs belles robes qui brillent à tout le monde. Nananananère. 

De l'eau plate ? Ah nan, nous on a que de la gazeuse ! 

Parterre de fleurs à Saratov

Un autre détail non négligeable est que la ville possède une rue piétonne. Cette rue est organisée de la même manière que n’importe quelle rue touristique française/européenne : un marché aux légumes, quelques stands divers et surtout, surtout…. Des enseignes de restaurants/ fastfood et autres marchands de pitances de toutes parts et de chaque côté. Néanmoins, la rue est assez longue pour contenir nombre d’artistes de rue, ce qui personnellement me fascine.
Et puis en reconnaissant la chanson jouée par un groupe de jeunes guitaristes, mon cœur s’est rempli de fierté, bien qu’en réalité il n’existe apparement en Russie qu’un quota de 3 chansons de feu de camps autorisées par décennie et que par conséquent je n’ai aucun mérite à les connaitre déjà par cœur.
Enfin, le luxe suprême, le comble du confort et de la sophistication : à la fin de la grande rue piétonne il y a un part, dans ce parc il y a des marchands de glaces, d’eau gazeuse (oui oui, que gazeuse), des jeux pour enfants et… l’autorisation de s’asseoir dans l’herbe ! Or, aussi anodin que celui puisse paraître, dans le plus beau parc de Volgograd (c’est dire !), fouler l’herbe gracieusement tondue (ou pas) est passible d’une amende ! Mieux, des hommes en uniformes sont là pour s’assurer que personne ne commette cet indicible péché. 


Ci-contre, un parterre de fleurs non loin de la place juste avant la rue piétonne: l'on remarquera la finesse du motif. 

Bonus n° 1: Wanted !

Homme recherché par la police de Saratov


A Saratov on ne rigole pas avec la criminalité, voici donc les fiches de criminels recherchés par la police. L’on peut donc y lire leur signalement, nationalité et dernière adresse connue. Finalement la comparaison avec les Etats-Unis n’est pas si superflue !

Un quoi, un... timbre ? 

Vue globale depuis Saratov

Encore une fois je vais aboutir à une comparaison avec Volgograd car encore une fois la différence est flagrante.
En effet, si les seuls reliefs de cette dernière consistent en deux collines du haut desquelles trônent au nord la Grosse Statue de la Dame Pas Contente et au sud l’université, Saratov est quant à elle surplombée par un relief assez sympathique.
D’ailleurs tout en haut se trouve une tour (que je n’ai pas visitée) permettant d’admirer la ville. Cependant, pour être juste avec Volgograd il me parait important de préciser que dans aucune des deux villes il n’est possible d’acheter la moindre carte postale.

Je comprends mieux pourquoi lors de mon précédent séjour en Russie, ma demande de timbres pour mettre sur mes cartes avait eu l’air si improbable.
Non, en Russie lorsque l’on voyage on achète des magnets  pour le frigo que l’on remet en mains propres ou bien que l’on garde pour soi comme des trophées.
Ce qui n’est pas plus bête : l’on peut ainsi facilement impressionner ses invités l’air de rien en leur demandant d’aller chercher la bouteille d’eau fraîche dans le réfrigérateur, alors que si l’on affiche des cartes postales, il est facile de savoir si ce sont d’autres qui nous les ont envoyées. Subtiles ces russes.

Bonus n°2: Si quelqu'un sait quelque chose...




Je vous propose cette publicité ma foi tout à fait curieuse, dans l’espoir que quelqu’un puisse éventuellement m’apporter une explication concluante et ainsi me sortir de ma navrante ignorance. Oui, il y a également à Saratov des choses tout à fait curieuses. Appelons cela le charme du pays !

"proctologie lazer" par l'entreprise "Explosif"

On assume maintenant !

Saratov, ville industrielle

Maintenant que l’on a parlé de toutes ces petites choses de touriste américain, revenons à l’essentiel. Dans le train de Saratov à Moscou (ma prochaine chronique !), j’ai eu l’occasion de pendant les 15 heures de trajet de discuter avec mes voisins des couchettes d’en face. Il s’est avéré que tous, bien que nés à Saratov vivent actuellement à Moscou. Non pas parce qu’ils n’aiment pas leur ville natale mais parce que le travail ne s’y trouve pas. La capitale leur offre ce qu’ils cherchent avec un salaire en moyenne plus élevé qu’ailleurs.  

Une dame d’une quarantaine d’année m’explique ce ressenti de ville industriellement vide à travers une anecdote : « Quand j’étais jeune, j’habitais en face d’une énorme usine. L’usine a fermé et qu’est-ce qu’il y a à la place maintenant ? Un immense Auchan. Une usine ferme, l’on construit des supermarchés, c’est le monde à l’envers »

Cette pensée est pourtant assez commune chez les russes ayant eu l’âge de voir l’URSS et son effondrement. La mondialisation actuelle est une pale compensation face à la situation artificielle de plein emploi qu’ils ont connue et pour eux Gorbatchev n’est qu’un lâche qui a vendu son pays pour ensuite fuir à l’étranger les conséquences de ses actes. 

Vivez vrai !!

Merci d’avoir suivi mon aventure le long de la Volga,
en espérant que je vous ai donné envie d’aller à Saratov mais également de prendre le train russe.
Certes l’avion est bien plus rapide mais si votre souhait est de vous trouver au plus près de la population pour être un peu plus que le touriste de base, alors acceptez de passer une nuit ou plus loin de votre petit confort et vous serez récompensé par une expérience unique que même les plus grands tour-operators ne pourront vous offrir. En fait, si vous cherchez à vivre dans le vrai et à découvrir un endroit au sens littéral, soyez votre propre tour-operator et votre voyage prendra une toute autre dimension. Il ne sera peut-être pas parfaitement bien prévu, programmé, anticipé…. Mais il sera vrai.

Si vous voulez un voyage parfait, tout en confort, achetez-vous des chips, du coca et regardez la télé.  Vous ne risquerez pas de vous compromettre. 

Pleine lune à Saratov

               

A dans 2 semaines pour la suite de mon voyage, en attendant, retrouvez-nous sur :

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Le tourisme que l'on veut, pas celui que l'on subit.