Episode spécial 21: ​Moscou, de près de loin, et pas de Kremlin 

16 Juin 2015

Arbre à cadenas à Moscou

 
C’est depuis Astrakhan et avec beaucoup de retard que je vous raconte ma dernière aventure à Moscou qui a eu lieu début mai, juste à temps pour assister à la Grande Parade des 70 ans de la victoire contre les Vilains pas Beaux  du 9 mai (oui, pas le 8 comme en France).

Si vous attendez de moi que je vous fasse une visite en règles de toutes les attractions touristiques de la capitale russe, retournez devant votre TV parce que mon histoire d’écureuils ne va pas vous plaire.

​La seule visite touristique que j’ai entreprise était la visite du Musée du Goulag qui était fermé pour travaux et malgré la réduction annoncée sur le dépliant pour le Musée de la Torture j’ai préféré pour des raisons obscures m’arrêter au café voisin. 




Visite organisée et tragédies survolées

Hommage à Boris Nemtsov

Plus sérieusement, de la même manière que les touristes considèrent que Paris c’est la vraie France, ce qui nous fait, nous provinciaux, bien rigoler, nous faisons la même erreur avec Moscou.

Moscou c’est une vitrine de ce que les touristes de visites organisées doivent voir, de même avec Saint Pétersbourg. Capitales russes ou française, c’est la même histoire : des monuments, des restaurants chers, du prestige, des meurtres….

​DES MEURTRES ? Et oui : pour Paris du terrorisme en Janvier, pour Moscou un attentat politique en Février. Sur le même pont que traversent des milliers de touristes chaque jour, pressés d’aller diner dans un restaurant chic ou de rejoindre leur hôtel avec piscine et sauna. 

Bibliothèque d'Etat Lénine à Moscou


Si Moscou et Saint Pétersbourg sont les deux capitales touristiques russes c’est qu’il y a une raison : elles fournissent une vitrine acceptable pour tous les étrangers : lieux culturels nombreux, architecture sympathique et endroits historiques.

​De plus, européens et américains retrouveront une diversité des populations qui est plutôt rare lorsque l’on s’enfonce dans les terres car, oui, étant habituées aux punks à chiens de Dijon, j’ai eu comme une impression de familiarité en croisant ceux de Moscou. La capitale étant en effet plus ouverte à l’extérieur ou plutôt : plus perméable pour l’étranger désirant d’afficher sur Facebook qu’il a visité le pays de Poutine et que le Kremlin est joli, pour peu que cet étranger parle un anglais aussi approximatif que celui du russe moyen.

Les aventuriers eux choisiront de prendre le train ou le bus et pénétreront les routes aux nids de poules vers l’inconnu… la Vraie Russie des gens qui y vivent depuis toujours sans l’avoir jamais quittée, celle où les centres commerciaux n’existent pas et où l’on n’a jamais parlé que russe et que même que c’est très bien comme ça. 


Espèce de Kre.... Mlin !!

La cathédrale du Kremlin de Moscou de nuit

Alors, tout d’abord, avant de parler de cette parade et de la Place Rouge, une petite mise au point. Mise au point qui avait déjà été faite dans la chronique sur Astrakhan justement : La cathédrale au milieu de la Place Rouge, c’est une cathédrale, celle de Basile le Bienheureux PAS LE KREMLIN.

Le Kremlin c’est la grosse muraille en brique rouge tout autour de la place et tout ce qu’il y a à l’intérieur et d’ailleurs le nom de Kremlin signifie forteresse, pas église multicolore même si du coup la cathédrale en fait aussi partie. Donc si vous demandez à un quelconque russe où se trouve le centre de sa ville, il vous montrera certainement la direction ou directement l’un des bâtiments de son Kremlin.

​Attention, ne demandez pas ça à Volgograd, on va vous rire au nez : le centre-ville de Volgograd, comme le diraient mes collègues d’Astrakhan, c’est la gare : c’est super pratique parce qu’il y a tout autour. Un kremlin ? Pourquoi faire ? Avec la SNCF tout est possible !

Bec en avant et... marche !

Mobilisation de militaires pour la parade des 70 ans de la Victoire

Après avoir attendu pendant près d’une demie heure que la parade passe dans la rue non loin de l’auberge de jeunesse, laquelle rue est interdite d’accès et suffisamment large pour y laisser passer un troupeau de tank, nous apprenons que finalement la parade ne passera pas par là.

A Moscou l’on vide des rues pour le plaisir de voir les pigeons traverser en toute sécurité, c’est ça la modernité !

C’est finalement sur la place de la Loubianka que nous nous arrêterons pour contempler la parade de l’aviation, car il faut bien une telle prouesse logistique pour rappeler qui est le plus fort à tous ces gens qui n’ont pas voulu se lever à 6h du matin pour s’approcher un maximum du cœur des festivités, sur la Place Rouge. 

Varsovie

Palais de la Culture et des Sciences de Varsovie

On ne change pas un béton qui gagne

Revenons vers l’architecture maintenant, lorsque j’ai dit qu’elle était sympathique je ne parlais pas de tous les bâtiments, en effet, si vous vous souvenez de ma chronique de Noel, vous vous rappellerez de cette histoire de bâtiments staliniens tous rigoureusement identiques d’une rue à l’autre et même d’une ville à l’autre, de même que les rues qui avaient toutes les mêmes noms dans chaque ville. Voilà, en dehors de ces bâtiments gris universels staliniens que l’on peut croiser à Moscou comme à Volgograd et qui je suis sûre ont même poussés à Vladivostok et dont on retrouve la trace jusqu’en Pologne, Moscou, c’est une jolie ville. 

  ​     Y'a comme un air de famille hein ?   

Moscou

Université d'Etat de Moscou

Visite désorganisée

Enfin, sachez qu’énormément de russes migrent vers la capitale car les salaires y sont bien meilleurs qu’en province. En revanche, les logements sont incroyablement chers. De plus, la plupart préfèrent largement la chaleur de leur ville/village natal(e) à la froideur d’une grande cité anonyme et retournent chez eux dès que leur situation financière leur permet. Si vous ne voyez pas là une large et évidente comparaison avec Paris …

De quoi nous offrir une grande réflexion sur la façon dont on voit le tourisme et la manière dont cela nous écarte de la réalité.

Si vous vous demandez quel moment de ma visite de Moscou a été le meilleur, sachez que ça n’a pas été la parade, ni la vue du Kremlin et encore moins la visite du métro.

Le soleil de ma visite a été la prise de la photo ci-dessous, dans le Parc Gorki, grâce à une jeune femme, assise au pied de l’arbre dans lequel se trouvait notre ami mangeur de noisettes, et qui en le nourrissant m’a donné le temps de faire des photos de près.

Il s’agit d’une joie simple et complète, sans artifices. Un plaisir de la vie, gratuit et infalsifiable. 

Ecureuil du Parc Gorki de Moscou

               

A la semaine prochaine pour la suite de mon voyage, en attendant, retrouvez-nous sur :

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Le tourisme que l'on veut, pas celui que l'on subit.