Episode 23: Epilogue
29 septembre 2015
Quelques semaines après mon retour au pays de l’herbe verdoyante, du pinard et de la tyrannie du monopole ferroviaire et ce même au-delà de ses frontières, je voudrais vous faire partager un peu de ma nostalgie du pays de la liberté d’expression.
Vous expliquer pourquoi en France tout est trop simple, (sauf bien sûr en ce qui concerne l’administration, mais au moins on peut se contenter de signer sans recopier entièrement nos déclarations !).
Puisqu’il faut quand même rigoler un peu je vous propose également un top 10 des choses qui me manquent le plus et un autre pour tout ce qui fait qu’on est bien chez soi.
L'enclave et le marteau
Avant de parvenir aux conclusions, je tenais à vous raconter ma dernière excursion sur le territoire russe : l’enclave de Kaliningrad et pourquoi j’ai failli rester sur le bord de la route à la frontière russo-lituanienne telle une fugitive.
Et c’est ainsi que le chapitre final commence : ma valise et moi, prenons l’avion pour Kaliningrad, pour les 4 derniers jours de validité de mon visa.
A l’aéroport de Moscou nous sommes séparées et c’est avec émotion que je monte dans l’avion. Qu’à cela ne tienne, je regarde scrupuleusement les porteurs de bagages effectuer le chargement et le miracle a lieu : je les vois porter ma précieuse compagnonne, le cœur en paix je me prépare donc à un bon voyage.
C'est un fameux Bâteau....
C’est le cœur battant que je la vois arriver sur le tapis, intacte et en pleine forme. Sur le chemin de l’appartement que j’avais loué, le taxi la complimente sur son adhérence au sol. Si elle n’était pas bleue, elle en aurait presque rougit.
Nous voilà donc elle et moi à Kaliningrad et je dois donc la laisser seule pour profiter pleinement de ma visite.
Pour faire court, si j’avais l’obligation de vivre en Russie, je choisirais de vivre à Kaliningrad. Il s’agit de la plus européenne de toutes les villes de Russie. Attention : pas du fait de son cosmopolisme comme Saint-Pétersbourg mais grâce à son aspect et à la mentalité des habitants. Il s’agit d’un mélange de soviétisme et d’européen tout à fait remarquable et que l’on retrouve partout. En dehors bien-sûr d’un accès privilégié à la mer tout à fait indispensable.
N’y ayant passé que peu de temps je ne vais pas m’attarder sur le sujet. Juste pour conclure, une petite anecdote : la tombe de Kant s’y trouve.
La Fuite
Le jour même de la fin de mon visa je prends le bus pour aller en Lituanie et prolonger un peu mon expédition touristique.
C’est beau l’Europe !
Arrive le moment de la sortie du territoire russe et tous les passagers sortent du bus avec toutes leurs affaires pour les passer dans le scanner. Tous les passagers passent ensuite les contrôles des passeports avec succès. Tous ?? Non ! Une unique française résiste encore et toujours à l’administration !
Alors que tout le monde est déjà remonté dans le bus prêt à partir, je suis retenue au poste de douane pour une erreur dans mon visa. Et oui, pour sortir de Russie il faut un visa en règle, or le mien comporte un numéro qui est légèrement différent de celui de mon passeport : la personne qui l’a créé a interprété un P latin en R russe.
Le scandale !
Autre détail qui chagrinait les douaniers : la date de fin de validité. Est-ce que j’étais sûre que je voulais partir ? Est-ce-que je savais que c’était le dernier jour ? J’avais quelque part pour dormir en Lituanie ? Bref, pour un visa aussi difficile à obtenir c’est quand même un comble de faire autant de manières pour la sortie de territoire !
Le problème étant résolu, j’ai pu rejoindre le bus, soulagée de ne pas avoir à trouver des cartons afin de passer la nuit entre les douanes russe et lituanienne.
Nostalgie
Maintenant que vous savez comment je suis partie du pays qui m’a accueillie pendant un an, sachez aussi que j’ai passé les deux semaines qui ont suivi mon retour à rêver de ma petite chambre à l’université de Volgograd et des gens qui ont croisé ma route et m’ont permis de voir plus loin que ma propre perspective.
Top 10 des trucs de là-bas
9 La fatalité des marchroutkas : oui il y a des embouteillages et oui c’est long mais franchement qu’est-ce qu’on peut bien y faire, on est pas des parisiens et klaxonner ça sert à rien.
8 Chebourachka (voir vidéo youtube ci-jointe, n'oubliez pas les sous-titres)
7 L’accent anglais des russes
6 La nécessité de toujours être un peu en retard : c’est vrai ça pour qui ils se prennent tous ces gens qui sont en avance ?!
5 Le prix des choses (surtout de la bière)
4 La diversité des paysages
3 Les longs trajets en train
2 La patience de la fatalité de la vie et oui, tout ça ! En gros la vie est comme elle est et puis on y peut rien alors le mieux c’est de laisser passer sans s’énerver et d’isoler les portes en fenêtres avec du scotch par exemple.
1 La magie de l’improvisation, indispensable pour ne pas perdre son calme lorsque l’imprévu se glisse dans le tableau, soit aussi souvent qu’il fait froid en Sibérie.
Top 10 des trucs d'ici
9 Les cornichons pas sucrés
8 Pouvoir boire l’eau du robinet (qu’elles étaient lourdes ces grosses bonbonnes de 5L !)
7 L’amabilité des gens en général (oui, quand une caissière dit « bonjour », « merci, au revoir » c’est mieux que « combien vous voulez de sacs ? »)
6 La propreté des rues
5 L’absence de marchroutkas et ses conséquences (parce que quand même l’information horaire en temps réel c’est un luxe).
4 Les stores et rideaux pour arrêter de se réveiller avec le jour (4h30/5h en période de printemps/été à cause de l’arrêt de passage à l’heure d’été décrété par Medvedev).
3 Les routes : c’est dingue de penser que je peux enfin ré-envisager de dormir pendant les longs trajets !
2 Pas besoin de visa pour se rendre dans les pays voisins (et je dis pas ça pour rien).
1 Mon chez-moi !! C’est une raison suffisante non ?
C’est fini !
Pourtant je repense souvent à cette année russe et je me rappellerai encore longtemps l’expérience que j’y ai vécue. Mes souvenirs sont pleins de joie et d’humanité, malgré cette horrible fille qui a vécu dans notre chambre d’octobre à décembre et ce vilain 19 février dont ma main gardera toujours la trace, les moments heureux priment largement sur tous les autres. Surtout, le sentiment d’avoir vécu une expérience en commun avec d’autres gens d’horizons tous aussi différents est grand, bien que simple.
Notre douche fuyait dans l’étage du dessous et nous avons dû laver nos affaires à la main de décembre à juin mais la sensation de quelque chose de plus important que ces détails insignifiants était grandiose : la sensation de vivre HAUT et FORT !
Pas de panique, l’aventure continue …
Et elle se déroule…. En Bavière !
Plus proche de la France cette fois, je deviens fille au pair dans une auberge bavaroise afin d’améliorer mon allemand. La suite au prochain épisode !
(Ci-dessous un avant-goût.)