Episode 5: Sur le chemin de la connaissance...

22 Novembre 2017

Cinquantes nuances de gris

En espérant que l'épisode précédant sur les petits changements d'habitudes vous aura plu, voici sa suite avec cette fois une routine plus mobile et diversifiée. Je ne vous parlerai ni d'argent, ni de rideaux, ni de nourriture mais de mon rituel quotidien qui est de me rendre à l'université. Il ne s'agit pas de vous montrer à quel point je vis des aventures extraordinaires le matin, sous la pluie, le brouillard et le vent mais simplement de partager les éléments intéressants de ce trajet avec vous.  

(Comme vous pouvez le remarquer, il est interdit de fumer aux arrêts de tram. Et on dit que la loi est sévère en France... Cela dit, en Russie il est interdit de fumer sur les quais de gare, à l'exception de "carrés" d'environ 2 mètres sur 2, signalisés avec de la peinture au sol, desquels les fumeurs n'ont pas intérêt de dépasser, sinon... gare ! HAHAHAHA !)

Into the cold

Après avoir donné les clés de ma chambre à l'accueil de la résidence (comme à l'hôtel, sans le confort !), je sors et marche une centaine de mètres jusqu'à l'arrêt de tram. Sur le chemin: un minuscule magasin de fruits et légumes, un horloger, un homme à l'air endormi qui promène un berger allemand, un horloger dont la camionnette l'attend devant son enseigne, juste à côté: un autre magasin, un peu plus grand.
​Devant ce dernier, une publicité pour des pierogis à poêler: les meilleurs, les moins chers !
Au bout de la rue, il faut traverser un petit passage pour arriver dans la rue perpendiculaire où se trouve mon arrêt de tram. Dans ce passage, il y a un autre local minuscule dans lequel plusieurs femmes cuisinent des salades et des soupes à emporter. A toute heure de la journée, l'odeur de chaud qui en sort donne faim. Adjacente, une sorte de quincaillerie de 3 mètres sur 4. L'on arrive au tram en passant devant un magasin d'alcool, un kebab et un autre magasin d'alimentation générale. 

Entre manque d'amortis et Abondance de choix 

C'est parti pour le trajet en tram. 
Différents modèles circulent, de l'ancien modèle très "Europe de l'Est" au tram moderne et adapté aux personnes à mobilité réduites. Le moins confortable de tous se trouvant être le plus ancien, lorsque la rame n'est constituée que d'un seul wagon. Le moindre freinage fait alors grande impression et il n'est pas interdit de soupçonner une certaine satisfaction chez le conducteur à réveiller les corps somnolents dont il a la charge.

Sur le chemin, un énorme centre commercial, en touts points semblable à ceux que l'on peut trouver dans chaque ville française, offre un contraste saisissant avec les microscopiques boutiques, témoins d'autres temps. En effet, si les jeunes générations se sentent plus en sécurité dans l'anonymat et la modernité d'un magasin de vêtements franchisé, les témoins de l'époque des filles d'attente et des tickets de rationnement préfèrent quant à eux le rassurant petit magasin de leur quartier. Et je dois dire que c'est une réaction compréhensible: lorsque je vois le temps qu'il me faut pour choisir un pack de yaourts au milieu de l'immense rayon frais d'un hypermarché, je n'ai aucun mal à imaginer que l'on puisse s'y sentir tout à fait perdu.  

sur la photo, un tram mi-figue mi-raisin, entre tradition et modernité

La Culture Polonaise Pour Les Nuls

Après une dizaine d'arrêts, je descends au niveau de la vieille ville et contemple avec plaisir ce lieu harmonieux, même enveloppé de brouillard. Dès les premières heures du matin, l'on y trouver des groupes de personnes motivés – asiatiques ou obligées – écoliers polonais.
​L'intérêt de l'endroit repose sur plusieurs choses: la rue qui part de la vieille ville et mène à l'université étant l'une des plus touristiques.  

Un petit concert ? 

Soit 15 euros les 50 minutes de concert, un peu cher non ? L'on remarquera que l'encart est également traduit en japonais, hasard ? je ne pense pas...

La rue du Savoir 

Tout d'abord, l'on y trouve plusieurs églises remarquables, dont l'une propose même des concerts d'oeuvres de Chopin (uniquement !) le soir à 19h, moyennement un prix particulièrement élevé pour les standards polonais.

Pourquoi Chopin ? Car il s'agit du musicien polonais (et oui !) le plus célèbre. Illustre et illustré, il est tant et si bien popularisé que l'on peut, tout au long de sa promenade, avoir le privilège de s'asseoir sur plusieurs bancs qui, après pression sur un simple bouton, diffusent les douces mélopées de l'enfant prodige. Cette attraction plait particulièrement aux troupes de retraités asiatiques qui l'utilisent sans doute pour se reposer un peu tout en ayant l'air profondément intéressés par la culture du pays visité ce jour-là.

Tout au long des bancs chopin se trouvent également d'autres points d'intérêts. La statue d'Adam Mickiewicz expliquée aux enfants en excursion, leur permet de comprendre pourquoi ils doivent passer des heures sur ses oeuvres, la crême de la langue polonaise !


​Last but not least, nous finirons sur rien d'autre que... le palais présidentiel.  

C'est mieux à la télé

Il n'est pas possible de parler de la résidence présidentielle sans éviquer les manifestations, les équipes de télévision et l'hôtel de luxe que l'entourent.

Partons par exemple, sur une matinée ordinaire: un 10 novembre.
​Raté ! Le 10 de chaque mois, a lieu la commémoration de la mort du président Lech Kaczynski en 2010 à Smolensk, suite à un accident à bord d'un avion russe, qui donna lieu à la rumeur selon laquelle l'accident aurait en fait été un attentat. Si après enquête il s'avère que la faute serait partagée entre les 2 parties russe et polonaise, la suspicion règne toujours au sein de la population.

Sur la photo: une "petite" manifestation anti-avortement


Mais revenons à nos manifestations: les 10,  il s'agit de partir en avance car la totalité de la rue est bloquée et la seule solution d'accès à l'université est le contournement des barrières et forces policières surreprésentées. Même les bus ne sont pas autorisés à mener les étudiants sur le Chemin de la Sagesse !

Je ne peux m'empêcher de trouver remarquables ces Polonais qui depuis 7 ans, 12 fois par an, vont pleurer leur président décédé, quelle constance ! Question culte de la personnalité, même Staline n'y trouverait rien à redire.

Passons, à d'autres polémiques: qu'une loi controversée voie le jour, qu'une figure politique importante passe par Varsovie et ce sont fourgons de télévision, vigiles et policiers en renforts qui débarquent dès le petit matin pour ne rien rater.

Enfin, parlons de l'hôtel de luxe qui se trouve, quel hasard ! Juse à côté du palais présidentiel. Un hôtel de luxe devant lequel même les voitures de location sont au dessus des moyens de 75% de la population française. Voitures massives, avaec ou sans chauffeur, avec ou sans plaque spéciale, laissent présager d'imposants protocoles diplomatiques !

photo du Palais présidentiel qui est en ce moment et depuis plusieurs mois en travaux

A la semaine prochaine !

Dernière étape avant de toucher au but: une autre église introduit les portes de l'université et c'est ici que s'achève mon parcours quotidien... et l'épisode d'aujourd'hui !

               

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